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LETTRE DE GÜLSÜMAN DÖNMEZ A SON FILS DE 11 ANS, GREVISTE

DU JEÛNE À MORT DECEDEE LE 09 AVRIL 2001

lundi 9 avril 2001, par Maison Populaire de Genève

Salut Sinan,

Mon cher fiston, je t’aime beaucoup. Comme j’aime toutes les personnes de la terre ! Mais l’amour que je porte pour Sinan est tout autre. En effet, l’amour que l’on a pour son enfant est autre chose fiston. Je t’aime plus que ma propre vie. C’est pour cette raison que je participe à cette grève de la faim jusqu’à la mort. Etant donnée que, je t’aime énormément, j’aimerai que tu fasses des études. Maintenant, c’est dur pour toi d’aller à l’école. Tu es encore trop petit c’est pour cela que tu ne peux pas comprend. Tu te dis : « Pourquoi ma mère voudrait que j’aille à l’école ? » . Tu voudrais m’avoir à côté de toi fiston. Est-ce que moi, je ne voudrais pas être à tes côtés ? Être une mère ce n’est pas seulement garder son enfant et être à côté de lui. Tu te fâches contre moi mon petit, tu te dis : « Pourquoi n’est-elle pas près de moi, mais est-elle à la grève du jeûne à mort ? »


Nous avons toujours vécu avec nos frères et nos sœurs les révolutionnaires. Pense à ton oncle Firket avec qui tu jouais, tu l’aimais beaucoup. Tu lui disais : « Moi aussi quand je deviendrais grand je serais comme toi » . Il est maintenant mort. Même si tu l’as connu quand tu étais petit , tu ne l’as toujours pas oublié. J ‘aime autant que toi nos martyres. D’autant que, c’est différent si l’on les connaît. Plusieurs personnes que nous aimant ont laisser leurs vies dans ce combat et sont devenus des martyres, ainsi que d’autres sont emprisonnés. Tu les aimais beaucoup tes frères Eyüp et Yücel ainsi que ton oncle Latif , mais maintenant ils sont emprisonnés, de plus l’Etat veut les mettre dans des cellules d’isolement. Mon cher enfant, c’est pour ne pas laisser mettre les prisonniers politiques dans les cellules d’isolement, que nous avons commencé la grève de la faim jusqu’à la mort dans les prisons et à l’extérieur des prisons. En ce moment tu est loin de moi, mais tu n’es pas seul. Je te confie à mes confrères. Ta mère est une femme forte. J’ai essayée de te donner tout ce que tu voulais, tout mes efforts pour ton éducation était dans le but qu’un jour tu deviens quelqu’un de bien. Je ne peux pas te dire de devenir un révolutionnaire, mais ma consentement voudrait que tu le deviens comme nos martyres. Même si tu ne le deviens pas, j’aimerais que tu sois quelqu’un de bien.

J’ai participé à cette lutte par plein gré. Je ne sais comment te raconter ma réjouissance, il y a que les grévistes du jeûne à mort qui peuvent avoir ce sentiment. Je vais à la mort en souriant mon enfant. La mort doit arriver un jour, et ce jour-là tu n’auras plus de mère. Mais dans ton existence tu auras une dignité. Jusqu’à notre mort nous devons garder cette dignité. Est-ce que tu te rappelle de l’années 1996 ? Te souviens-tu de tes frères Ilginc, Berdan et Yeno. Eux aussi sont devenu des martyres pour toi et pour tous les enfants, pour que vous puissiez vivre bien dans l’harmonie et la paix. Tu avais déjà 7 ans à cette époque là. Tu les aimais tant que je n’avais pas réussi a te faire manger pendant 15 jours. Tu avais déjà depuis longtemps des sentiments d’amour pour les révolutionnaires. Dans la lettre que tu m’avais écrit tu disais : « Maman je sais pourquoi tu es là-bas et je suis fier de toi ». Tu devrais être encore plus fier une fois que je serais morte. En vérité c’est à ce moment là que j’aurais accomplit la tâche d’une mère. Je t’aime beaucoup, je t’embrasse mon cher fiston. Dans l’espoir que tu vas me comprendre.

Porte toi bien, ta mère Gülsüman Dönmez


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