meurtre de M. Imam BOZTAS

Genève le 5 avril 2005

Concerne : meurtre de M. Imam BOZTAS

Monsieur,

Ce 8 mars 2005 au soir, deux hommes masqués, en uniformes de policiers ont assassiné Imam BOZTAS sur le perron de sa maison. Agé de 51 ans, il a été abattu alors que la situation dans son village, Alanyazi, devenait de plus en plus difficile. Selon les habitants, la police locale se livrerait à des menaces continues depuis au moins deux ans.

Les pressions continuent, pour sa famille : en effet, Madame et Monsieur BOZTAS sont menacés de mort par les autorités, suite à leur plainte pénale pour assassinat. Cette plainte a conduit à une enquête de l’Association de défense des droits de l’homme HRA, qui met le doigt sur des éléments gênants :

  Les coups de feu ont été entendus à plus de deux kilomètres à la ronde ; pourquoi, les policiers, situés à moins d’un kilomètre et demi, ne se sont pas déplacés immédiatement ?
  Pourquoi, lorsque des habitants du village voisin les ont appelé, ceux-ci ont-ils attendu deux heures pour intervenir ?
  Pourquoi, alors que Imam BOZTAS était blessé grièvement, le commissaire responsable a-t-il interdit à la famille de le transporter à l’hôpital ?
  Le commissaire s’est emparé du téléphone portable de Imam BOZTAS : pourquoi ?

Cette affaire est une de plus parmi d’autres, qui laissent songeur quand à la volonté des autorités d’éradiquer la violence de ses forces de police et d’en finir avec l’arbitraire. Alanyazi est un village du Kurdistan turc. L’armée et la police prétendent « lutter contre le séparatisme et le terrorisme » ; mais ceci n’est qu’une excuse pour éliminer les opposants et terroriser la population locale.

Nous appelons les autorités turques à faire toute la lumière sur cette affaire, et à cesser les pressions inadmissibles exercées sur la famille BOZTAS. Nous appelons les organisations de défense des droits de l’homme à intervenir auprès de la Turquie pour que justice soit faite.

Pour conclure, nous citons le témoignage de la mère de Imam BOZTAS : "J’étais dehors pour chercher du bois et j’ai vu deux personnes. Elles avaient des écharpes autour de leurs têtes et des armes leurs mains. Je suis retournée à l’intérieur ; peu après, ils ont frappé à la porte et ont demandé Imam, disant qu’ils étaient les amis et qu’ils voulaient lui parler. Mon fils est sorti d’une autre pièce et ils lui ont demandé de les accompagner. Il n’a pas voulu y aller ; il disait qu’il ne les connaissait pas, mais ils ont insisté. Mon fils était sur le point de fermer la porte derrière lui, quand ils ont commencé à tirer. Il a été touché de cinq balles au tronc et une au bras."

En vous remerciant par avance pour la suite que vous donnerez à notre courrier, nous vous prions d’agréer, Monsieur, nos cordiales salutations.

Pour la Maison Populaire de Genève

Demir SÖNMEZ

Président

Yan PERRET-GENTIL Secrétaire