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Le 38e anniversaire noir du coup d'état de 1971 en Turquie - Association Maison Populaire de Genève
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Le 38e anniversaire noir du coup d’état de 1971 en Turquie

mercredi 11 mars 2009, par Maison Populaire de Genève

Alors que l’armée turque s’ingère toujours dans la vie politique et réitère la menace contre le Kurdistan irakien tout en mettant en péril la paix et la stabilité dans la région, les forces démocratiques du pays commémoreront demain le 38e anniversaire du coup d’état militaire du 12 mars 1971. Depuis 38 ans, malgré les manifestations des forces démocratiques, les pouvoirs politiques parlementaires ont toujours passé sous silence ce putsch criminel commis par des commandants de l’Armée turque. Actuellement plusieurs généraux ou officiers sont jugés à Istanbul pour la tentative de coup d’état dans les années 2000, les putschistes du 12 mars 1971 restent toujours indemnes. Le plus grave est que l’actuel gouvernement parlementaire, comme ses précédents, gère le pays en se soumettant aux menaces et chantages de la hiérarchie militaire.

Par coïncidence, à cette date anniversaire, le Parlement européen votera à Strasbourg sa résolution annuelle sur les progrès réalisés par la Turquie en 2008 préoccupé du "ralentissement continu du processus de réforme en Turquie pour la troisième année consécutive". Déjà lors des débats du 11 février 2009 sur le rapport à la Commission des affaires étrangères du PE, les députés européens avaient regretté que la liberté d’expression et de la presse ne soient toujours pas pleinement protégées en Turquie. (http://www.info-turk.be/366.htm#manque)

En Turquie, à l’occasion du 38e anniversaire du coup d’état militaire de 1971, une initiative civile vient de mettre sur pied un tribunal de conscience pour juger les généraux putschistes et leurs complices politiques.

L’audience du tribunal aura lieu le 12 mars 2009 à 17h à Dolapdere Campus de l’Université Bilgi à Istanbul.

Parmi les témoins principaux se trouvent notamment Atilla Keskin, Aydin Engin, Dogan Tarkan, Halil Ergün, Hasan Kiyafet, Murat Belge, Nahit Töre, Oya Baydar, Ömer Laçiner et Tuncer Sümer.

Le tribunal organisé à l’initiative de "70 millions de pas contre des coups d’état" avait déjà jugé et condamné les putschistes du coup d’état du 12 septembre 1980.

L’initiative "70 millions de pas contre des coups d’état" attire l’attention également sur le fait que l’armée a effectué depuis dix ans deux autres interventions directes dans la politique, le 28 février 1997 et le 27 avril 2007. D’ailleurs, comme il est constaté à la lecture de l’acte d’accusation du procès d’Ergenekon, les officiers ont préparé trois plans d’intervention en 2003 et 2004.

Le coup d’état du 12 septembre 1980 était la deuxième phase d’un processus de militarisation dans tous les domaines du pays. Quant au coup d’état du 12 mars 1971, il avait déjà aboli ou détruit plusieurs droits et institutions démocratiques par l’application d’une répression sans précédent.

Seulement durant les deux ans suivant le coup d’état du 12 mars 1971 :

• Des milliers de personnes ont été jugées par les tribunaux militaires de la loi martiale sous l’inculpation de délits pour la plupart antérieurs à la proclamation de l’état d’exception.

• Plus de 10.000 personnes dont 3600 enseignants, 118 journalistes, traducteurs, éditeurs, écrivains, artistes, 67 universitaires ont été mis en garde-à-vue, arrêtés ou jugés et condamnés.

• 37 journaux ou périodiques ont été interdits ou suspendus.

• Plus de 200 titres de livres ont été saisis et plus d’un demi-million d’exemplaires détruits.

• 28 personnes ont été tuées dans la rue par les forces de l’ordre, dans des circonstances douteuses.

• Les inculpés, détenus souvent depuis plusieurs semaines, ont dénoncé lors de leurs procès les tortures qu’ils ont subies au cours de l’instruction. Ces accusations sont aujourd’hui confirmées par les rapports rédigés par des juristes de plusieurs organismes internationaux de juristes.

• Malgré l’indignation de l’opinion mondiale, trois leaders de la jeunesse progressiste ont été condamnés à mort et exécutés. D’autres condamnations à mort ont été prononcées et 151 requises par les procureurs militaires.

• Trois partis politiques ont été dissous. Les dirigeants du parti socialiste TIP ont été condamnés à de lourdes peines de prison, allant jusqu’à 15 ans.

• La répression s’est durcie au sujet des minorités ethniques et les opérations répressives contre les Kurdes généralisées non seulement dans le Kurdistan mais aussi dans les grandes métropoles du pays.

• 111 personnes ont été condamnées à de lourdes peines de détention allant jusqu’à 16 ans, sous l’inculpation de "séparatisme".

• Le droit de grève et de syndicalisation a été limité par l’adoption d’amendements législatifs sous la pression des militaires.

• Toutes les associations d’étudiants ont été dissoutes.

• Le Syndicat des Enseignants de Turquie (TÖS), groupant plus de 100.000 enseignants a été dissout, ses dirigeants condamnés à des peines de prison allant jusqu’à 8 ans, des milliers de ses membres ont été poursuivis. Tous les syndicats des secteurs publics ont été dissous.

Le coup du 12 mars 1971 marque également le déclenchement de l’émigration politique vers les pays européens. Le premier exode massif de Turquie vers les pays étrangers était sans aucun doute celui des Arméniens et des Assyro-chaldéens suivant le génocide et la déportation de 1915. L’émigration politique des opposants du régime et des gens appartenant aux minorités ethniques et religieuses a repris après le coup d’état de 1971 et s’est fort accélérée après le deuxième coup d’état militaire du 12 septembre 1980.

C’est après ces coups d’état que l’ingérence du régime d’Ankara dans la vie politique des pays accueillant des immigrés turcs a été bien structurée et un système de pression et d’intimidation a été instauré afin d’étouffer toute voix s’élevant en dehors du contrôle du lobby turc.

Il s’agit d’une ingérence qui menace sérieusement la vie démocratique comme on a observé lors des agressions criminelles contre les institutions kurdes, arméniennes et assyriennes dans la capitale européenne ainsi que dans les discours et pratiques ultranationalistes et négationnistes des élus d’origine turque, otages du régime d’Ankara.

Où en est la démocratisation en Turquie ?

• Les généraux putschistes sont toujours protégés par le gouvernement et la demande des victimes pour les traduire devant des tribunaux est toujours refusée.

• La constitution anti-démocratique prônant la supériorité et le monopole de la race et de la langue turques (Articles 3, 42 et 66), imposée en 1982 par la junte militaire, reste toujours en vigueur. L’article 4 déclare que l’Article 3 ne pourra jamais être modifié, même la modification de cet article ne pourra jamais être proposée. En plus, un système électoral imposant un seuil national de 10% est toujours maintenu au détriment des partis politiques représentant des opinions différentes, notamment pro kurde ou de gauche, afin que le parti islamiste reste au pouvoir avec une majorité absolue dans le Parlement malgré un score électoral inférieur à 50%.

• Malgré la soi-disant "démilitarisation" du Conseil National de la Sûreté (MGK), les militaires continuent à dicter leurs choix militaristes par les déclarations médiatisées du chef de l’Etat-major ou des commandants des forces terrestres, aériennes ou navales. De plus, le Haut Conseil Militaire (YAS), chargé de gérer le fonctionnement interne de l’Armée, continue à radier certains officiers considérés "anti-laïques" malgré l’opposition du gouvernement. Les militaires exercent leur contrôle sur la vie économique du pays par le biais de leur holding financier sui generis OYAK et d’une série d’industries de guerre.

• Selon les chiffres du ministre de la Justice de Turquie, en date du 31 janvier 2009, il y a toujours plus de 5.672 détenus ou condamnés politiques dans les prisons du pays. (http://www.cte.adalet.gov.tr/)

• L’exécution sommaire et la torture lors de l’arrestation se pratiquent toujours.

• Le nouveau code pénal turc, applaudi par l’Union Européenne, constitue toujours une menace sur la liberté de presse. Des centaines de personnes sont toujours jugées pour insulte à la nation turque, à l’Armée, au gouvernement ou aux forces de sécurité en raison de leurs critiques, en vertu de l’article 301 (l’ancien article 159) du CPT.

• Malgré quelques réformes cosmétiques, les droits égaux (enseignement, expression audio-visuelle, association) ne sont toujours pas reconnus pour le peuple kurde ainsi que pour les minorités ethniques ou religieuses du pays, notamment arméniennes, assyriennes, grecques et alévites. Toutes les initiatives pacifiques du mouvement national kurde en vue d’arriver à une solution pacifique sont systématiquement déclinées et les opérations militaires se poursuivent afin de satisfaire la voracité de l’Armée et de l’industrie de guerre.

• Ankara ne montre aucune intention de reconnaître les injustices et atrocités commises dans l’histoire de la Turquie et poursuit une politique absolument négationniste. En plus, les missions diplomatiques d’Ankara incitent souvent les ressortissants turcs et même les élus ou candidats d’origine turque des partis politiques européens (socialistes, libéraux, écolos ou chrétiens) à participer à des manifestations négationnistes.

Encouragé d’une part par la soumission des gouvernements européens aux chantages d’Ankara, et d’autre part, par le fait que plusieurs dirigeants n’hésitent pas à marchander avec les missions diplomatiques et les organisations d’extrême droite turque pour obtenir quelques voix de plus dans les villes et quartiers habités par les ressortissants turcs, le régime turc s’ingère de plus en plus dans la vie sociale et politique des pays comme la Belgique. Les élus d’origine turque participent ouvertement aux manifestations négationnistes en dépit de la position contraire de leurs partis politiques.

Les conditions suivantes doivent absolument être remplies pour que la Turquie soit une véritable démocratie et pour qu’elle puisse adhérer à l’Union Européenne :

• La constitution actuelle imposée par les militaires doit être entièrement modifiée et toute référence à la supériorité et au monopole de la race turque.

• Les responsables de deux coups d’état du passé doivent être traduits devant la justice pour crimes contre l’humanité.

• L’ingérence des militaires dans la vie politique, sociale et culturelle du pays doit être définitivement interdite.

• Une amnistie générale doit être déclarée pour tous les prisonniers ou inculpés politiques.

• Les articles anti-démocratiques du Code pénal turc et de la Loi anti-terreur et d’autres lois répressives doivent être abolis, les poursuites judiciaires contre des journalistes, écrivains, artistes, enseignants doivent être arrêtées.

• Les droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités assyrienne, arménienne, grecque doivent être reconnus sans exception et sans restriction.

• Le génocide commis au début du siècle contre les Arméniens et les Assyriens doit être solennellement reconnu par l’Etat turc.

• Toute ingérence d’Ankara dans la vie politique et sociale des pays accueillant des ressortissants de Turquie doit être arrêtée.

• En ce qui concerne les prochaines élections régionales, les autorités et partis politiques belges doivent être plus attentifs pour que cette ingérence d’Ankara ne se répète plus surtout dans les communes comme Saint-Josse et Schaerbeek habitées par un nombre élevé d’électeurs d’origine turque.

• Les autorités européennes aussi doivent être extrêmement vigilantes à l’égard de toute nouvelle tentative d’ingérence d’Ankara lors des élecrtions européennes. •

Références d’Info-Türk au coup d’état du 12 mars 1971 :

Democratic Resistance of Turkey, File on Turkey, 1972

Democratic Resistance of Turkey, Man Hunts in Turkey, 1972

Democratic Resistance of Turkey, Turkey on Torture, 1973

Dogan Özgüden, Turkije : Fascisme en Verzet, 1973

Dogan Özgüden, Turquie : Fascisme et Résistance, 2006


http://www.info-turk.be

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