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Le 28e anniversaire du coup d'état de 1980 : Cinq putschistes seront jugé par le tribunal de consciences - Association Maison Populaire de Genève
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Le 28e anniversaire du coup d’état de 1980 : Cinq putschistes seront jugé par le tribunal de consciences

jeudi 11 septembre 2008, par Maison Populaire de Genève

Le 12 septembre 2008 est le 28e anniversaire noir du coup d’état militaire de 1980. Depuis 28 ans, malgré les manifestations des forces démocratiques, les pouvoirs politiques parlementaires ont toujours passé sous silence ce putsch criminel commis par des commandants de l’armée turque. La constitution imposée par la junte reste toujours en vigueur. Les gouvernements successifs ont géré le pays en se soumettant toujours aux menaces et chantages de la hiérarchie militaire.

A l’occasion du 28e anniversaire du coup d’état militaire de 1980, une initiative civile vient de mettre sur pied un tribunal de conscience pour juger les cinq généraux putschistes : le chef d’état-major Kenan Evren et quatre autres membres du Conseil de Sûreté Nationale (MGK), Nurettin Ersin, Tahsin Şahinkaya, Nejat Tümer et Sedat Celasun, respectivement commandants des forces terrestres, aériennes, navales et de la gendarmerie.

L’audience du tribunal aura lieu le 12 septembre 2008 à 14h à Dolapdere Campus de l’Université Bilgi à Istanbul.

L’audience sera ouverte par la juriste Fethiye Cetin, avocate de Hrant Dink, et l’acte d’accusation sera prononcé par Engin Cinmen. Les témoins principaux sont Leman Fırtına, Orhan Miroğlu, Ragıp Zarakolu, Hacay Yılmaz, Sabahattin Selim Erhan, Atilla Keskin, Salih Sezgin, Bülent Aydın, İhsan Eliaçık, Hüner Buğdaycıoğlu, Adalet Ağaoğlu. Le panel du tribunal est formé par Memet Ali Alabora, Harun Tekin, Gökşen Şahin, Karin Karakaşlı, Rojin, Yıldıray Oğur et Semiha Kaya.

Lors de l’audience, Dimitrious Papachristou, le leader de la révolte estudiantine de l’Université polytechnique contre la junte des colonels grecs, interviendra en tant qu’expert sur le sujet "Comment peut-on juger les putschistes ?"

Le tribunal organisé par l’initiative "70 millions de pas contre des coups d’état" appelle également des citoyens voulant témoigner sur la répression qui a suivi ce coup d’état.

Le coup d’état du 12 septembre 1980 était la deuxième phase d’un processus de militarisation dans tous les domaines du pays. Auparavant, le coup d’état du 12 mars 1971 avait déjà aboli ou détruit plusieurs droits et institutions démocratiques par l’application d’une répression sans précédent.

La Constitution imposée en 1982 par la junte militaire a aboli les derniers vestiges des libertés reconnues par la Constitution de 1961. La constitution de 1982 nie les droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités arménienne, assyrienne et grecque de la Turquie. Les articles 3, 42 et 66 prônent la supériorité et le monopole de la race et de la langue turques. L’article 4 déclare que l’article 3 ne pourra jamais être modifié, même la modification de cet article ne pourra jamais être proposée.

La domination de l’armée sur la vie politique, économique et sociale du pays a été rendue intouchable par les privilèges reconnus par cette constitution au Conseil de Sûreté Nationale (MGK).

L’initiative "70 millions de pas contre des coups d’état", dans un communiqué relatif à l’organisation du tribunal de conscience attire l’attention sur le fait que l’armée a effectué depuis dix ans deux autres interventions directes dans la politique, le 28 février 1997 et le 27 avril 2007. D’ailleurs, comme il est constaté à la lecture de l’acte d’accusation du procès d’Ergenekon, les officiers ont préparé trois plans d’intervention en 2003 et 2004.

C’est la raison pour laquelle les forces démocratiques tant en Turquie qu’à l’étranger sont appelées à être vigilantes à toutes nouvelles tentatives de l’armée.

A l’audience du 12 septembre 2008, les cinq putschistes seront jugés pour les crimes suivants commis après le coup d’état de 1980 :

- En deux ans, plus de 650.000 personnes ont été arrêtées et soumises à la torture.

- Des fichiers ont été ouverts sur 1.683.000 personnes.

- 210.000 procès politiques ont été ouverts devant les cours militaires.

- 98.404 personnes ont été jugées en raison de leurs opinions.

- 71.500 personnes ont été jugées sous les articles 141, 142 et 163 de l’ancien code pénal

- 6.353 personnes ont été jugées sous la menace de la peine capitale.

- 517 personnes ont été condamnées à la peine capitale.

- 50 personnes ont été exécutées à l’issue des procès politiques.

- 21.764 personnes ont été condamnées à de lourdes peines de prison.

- 171 personnes ont perdu la vie sous la torture.

- 299 personnes ont perdu la vie en prison en raison de mauvais traitements ou lors d’une grève de la faim.

- 348.000 personnes se sont vues refuser l’obtention de passeports.

- 30.000 personnes ont cherché asile politique à l’étranger.

- 14.000 personnes ont été déchues de leur citoyenneté.

- Les universités ont été placées sous l’autorité du Conseil Suprême de l’Education (YOK), dépendant du pouvoir politique.

- 15.509 personnes ont été chassées de leurs postes universitaires sous la loi N°1402.

- 3.854 enseignants ont été licenciés.

- Tous les partis politiques ont été dissous.

- Les activités de 23.667 associations ont été arrêtées.

- La presse a été soumise à la censure.

- 4.509 personnes ont été déportées par les commandants de la loi martiale.

- 937 films ont été interdits.

- 2.792 auteurs, traducteurs et journalistes ont été traduits devant les tribunaux.

- Le total des peines de prison prononcées contre journalistes et écrivains s’élevait à 3.315 ans et 3 mois.

- 31 journalistes ont été emprisonnés, des centaines de journalistes attaqués et trois abattus.

- 113.607 livres ont été brûlés.

- 39 tonnes de livres, de revues et de journaux ont été détruites par des usines de papier de l’Etat. Pour une véritable démocratisation digne des normes européennes

Comme annoncé l’année passée par le Collectif 1971, une des premières choses à faire dans le processus de démilitarisation est de soumettre le chef d’état-major à l’autorité du ministre de la défense nationale, de raboter les pouvoirs excessifs du Conseil de Sûreté Nationale (MGK) et du Conseil Militaire Supérieur (YAS).

Il faut également diminuer considérablement le budget des dépenses militaires utilisé pour opprimer le peuple kurde et menacer les pays avoisinants.

Si les chefs militaires persistent à poursuivre leurs ingérences et provocations, ils doivent immédiatement être éloignés de leurs postes.

Tous les vestiges du régime militariste doivent être éradiqués en adoptant les mesures suivantes :

- Entière modification de la constitution actuelle imposée par les militaires ; suppression des articles 3, 4, 42 et 66 prônant la supériorité et le monopole de la race et de la langue turques.

o Le système électoral imposant un seuil national de 10% au détriment des partis politiques représentant des opinions différentes, notamment pro kurde ou de gauche, doit être radicalement modifié.

- Les responsables des coups d’état du passé doivent être traduits devant la justice pour crimes contre l’humanité.

- L’ingérence des militaires dans la vie politique, sociale et culturelle du pays doit être définitivement interdite, les actuels commandants poursuivant leurs menaces et provocations doivent être éloignés de leurs postes.

- Une amnistie générale doit être déclarée pour tous les prisonniers ou inculpés politiques.

- Tous les articles anti-démocratiques du code pénal turc et de la Loi anti-terreur et d’autres lois répressives doivent être abolis, les poursuites judiciaires contre des journalistes, écrivains, artistes, enseignants doivent être arrêtées.

- Les droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités assyrienne, arménienne, grecque doivent être reconnus sans exception et sans restriction.

- Le génocide commis au début du siècle contre les Arméniens et les Assyriens doit être solennellement reconnu par l’état turc.

- Toute ingérence d’Ankara dans la vie politique et sociale des pays accueillant des ressortissants de Turquie doit être arrêtée.

http://www.info-turk.be


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