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le 37e anniversaire du coup d’état militaire du 12 mars 1971.

mercredi 12 mars 2008, par Maison Populaire de Genève

Le 37e anniversaire noir du coup d’état de 1971 en Turquie

Alors que l’armée turque s’ingère toujours dans la vie politique de la Turquie et réitère la menace contre le Kurdistan irakien tout en mettant en péril la paix et la stabilité dans la région, les forces démocratiques du pays commémorent aujourd’hui le 37e anniversaire du coup d’état militaire du 12 mars 1971.


Il y a deux ans, la fondation Info-Türk avait lancé un concours portant sur l’impact des coups d’état militaires en Turquie sur l’émigration.

Le lauréat du concours sera annoncé ce soir par le jury préside par l’historienne Anne Morelli, lors d’une soirée de commémoration du 37e anniversaire du coup d’état de 1971, organisée par l’Association des Arméniens Démocrates de Belgique, les Associations des Assyriens de Belgique, l’Institut Kurde de Bruxelles et la Fondation Info-Türk.

Le 12 mars 1971, les généraux avaient renversé le gouvernement et ouvert une période de répression sans précédent en Turquie, membre du Conseil de l’Europe et l’OTAN ainsi que membre associé de l’Union européenne.

En effet, depuis plus d’un siècle, le processus de démocratisation en Turquie a été interrompu souvent par des pratiques répressives et des coups d’état militaires : le coup d’état des Jeunes Turcs en 1908, le génocide des Arméniens et des Assyriens en 1915, l’oppression du peuple kurde et des forces de gauche suivie par la proclamation du régime parti unique en 1925, le pogrom des minorités non-musulmanes en 1955, le coup d’état de 1960…

Les 37 ans derniers ont été marqués de deux putschs sanglants des généraux turcs en 1971 et 1980 : arrestations massives, tortures, pendaisons, violations des libertés d’expression, renforcement de l’injustice sociale, négations des droits fondamentaux du peuple kurde et des minorités arménienne, assyrienne, grecque, etc.

Seulement durant les deux ans suivant le coup d’état du 12 mars 1971 :

* Des milliers de personnes ont été jugées par les tribunaux militaires de la loi martiale sous l’inculpation de délits pour la plupart antérieurs à la proclamation de l’état d’exception.

* Plus de 10.000 personnes dont 3600 enseignants, 118 journalistes, traducteurs, éditeurs, écrivains, artistes, 67 universitaires ont été mis en garde-à-vue, arrêtés ou jugés et condamnés.

* 37 journaux ou périodiques ont été interdits ou suspendus. * Plus de 200 titres de livres ont été saisis et plus d’un demi-million d’exemplaires détruits.

* 28 personnes ont été tuées dans la rue par les forces de l’ordre, dans des circonstances douteuses.

* Les inculpés, détenus souvent depuis plusieurs semaines, ont dénoncé lors de leurs procès les tortures qu’ils ont subies au cours de l’instruction. Ces accusations sont aujourd’hui confirmées par les rapports de plusieurs organismes internationaux de juristes.

* Malgré l’indignation de l’opinion mondiale, trois leaders de la jeunesse progressiste ont été condamnés à mort et exécutés. D’autres condamnations à mort sont prononcées et 151 requises par les procureurs militaires.

* Trois partis politiques ont été dissous. Les dirigeants du parti socialiste TIP ont été condamnés à de lourdes peines de prison, allant jusqu’à 15 ans.

* La répression s’est durcie au sujet des minorités ethniques et les opérations répressives contre les Kurdes généralisées non seulement dans le Kurdistan mais aussi dans les grandes métropoles du pays.

* 111 personnes ont été condamnées à de lourdes peines de détention allant jusqu’à 16 ans, sous l’inculpation de "séparatisme".

* Le droit de grève et de syndicalisation a été limité par l’adoption des amendements législatifs sous la pression des militaires. * Toutes les associations d’étudiants ont été dissoutes.

* Le Syndicat des Enseignants de Turquie (TÖS), groupant plus de 100.000 enseignants a été dissout, ses dirigeants condamnés à des peines de prison allant jusqu’à 8 ans, des milliers de ses membres ont été poursuivis. Tous les syndicats des secteurs publics ont été dissous.

Le coup du 12 mars 1971 marque également le déclenchement de l’émigration politique vers les pays européens. Le premier exode massif de Turquie vers les pays étrangers était sans aucun doute celui des Arméniens et des Assyro-chaldéens suivant le génocide et la déportation de 1915. L’émigration politique des opposants du régime et des gens appartenant aux minorités ethniques et religieuses a repris après le coup d’état de 1971 et s’est fort accélérée après le deuxième coup d’état militaire du 12 septembre 1980.

C’est après ces coup d’états que l’ingérence du régime d’Ankara dans la vie politique des pays accueillant des immigrés turcs a été bien structurée et un système de pression et d’intimidation a été instauré afin d’étouffer toute voix s’élevant en dehors du contrôle du lobby turc.

Il s’agit d’une ingérence qui menace sérieusement la vie démocratique comme on a observé lors des agressions criminelles contre les institutions kurdes, arméniennes et assyriennes dans la capitale européenne ainsi que dans les discours et pratiques ultranationalistes et négationnistes des élus d’origine turque, otages du régime d’Ankara.

http://www.info-turk.be/355.htm#37e


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