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NON À L’EXTRADITION DE BAHAR KIMYONGÜR VERS LA TURQUIE !

mercredi 8 janvier 2014, par Maison Populaire de Genève

Le 21 novembre 2013, sur base d’un mandat d’extradition délivré par la Turquie, Bahar Kimyongür est arrêté en Italie, alors qu’il devait participer à une conférence internationale concernant la Syrie. Incarcéré treize jours durant, le citoyen belge est –depuis– assigné à résidence dans une localité de Toscane, le temps que la justice italienne statue sur son sort...

SIGNEZ LA PETITIONS POUR BAHAR KIMYONGUR

http://www.freebahar.com/indexFR.php

Bahar Kimyongür est un ressortissant belge qui dénonce sans relâche les violations des droits de l’Homme en Turquie. Sauf à considérer qu’énoncer une opinion critique est un délit, M. Kimyongür n’a jamais contrevenu à la loi. Pourtant, la Turquie s’acharne à criminaliser son engagement citoyen et exige son extradition.

Depuis plus d’une décennie, Bahar Kimyongür subit un véritable harcèlement judiciaire. Cela a commencé en Belgique où, au terme de quatre procès et de trois Cassations, il a été totalement acquitté par la Justice belge. Cela s’est poursuivi aux Pays-Bas, où les juges néerlandais ont refusé de donner suite à un mandat d’extradition délivré par la Turquie et l’ont innocenté de toutes les accusations portées contre lui.

Or c’est sur la base du même mandat extraditionnel turc que, en 2013, M. Kimyongür a été interpellé et emprisonné en Espagne puis en Italie. Il reste ainsi sous la menace permanente d’une extradition vers la Turquie. Cette situation est intolérable. Nous refusons l’extradition de Bahar Kimyongür et exigeons que cessent les poursuites à son encontre.

Sa vie est en danger et notre liberté d’expression à tous est en jeu.

L’AFFAIRE KIMYONGÜR

Le 21 novembre 2013, sur base d’un mandat d’extradition délivré par la Turquie, Bahar Kimyongür est arrêté en Italie, alors qu’il devait participer à une conférence internationale concernant la Syrie. Incarcéré treize jours durant, le citoyen belge est –depuis– assigné à résidence dans une localité de Toscane, le temps que la justice italienne statue sur son sort...

Le 17 juin 2013, sur base du même mandat turc, M. Kimyongür avait déjà été interpellé en Espagne où il passait des vacances en famille, puis laissé en liberté sous caution dans l’attente d’un jugement sur le fond. Dans ce pays comme en Italie, le ressortissant belge est donc toujours sous la menace d’une extradition vers la Turquie. Au moment de son interpellation en Espagne, cent représentants de la société civile belge avaient cosigné une Carte blanche, démontant un à un les arguments avancés par les autorités d’Ankara. Un texte qui permet de saisir les enjeux d’une affaire riche en rebondissements...

À LA MERCI DE L’ÉTAT TURC… ? (Carte blanche, 27 août 2013)

Le citoyen belge Bahar Kimyongür est –à nouveau– l’objet d’un mandat d’extradition lancé par la Turquie. Ce mandat de capture international lui a été signifié en Espagne (où il passait quelques jours de vacances). Appréhendé par la police à Cordoue le 17 juin, l’Audiencia Nacional a cependant remis notre compatriote en liberté –contre le versement d’une caution de 10.000 euros– et l’a autorisé à retourner en Belgique.

Il doit désormais rester à la disposition des autorités judiciaires espagnoles, lesquelles vont statuer sur son sort dans les semaines à venir.

Une situation tout simplement scandaleuse : les incriminations avancées par l’Etat turc pour justifier cette extradition avaient toutes –sept années auparavant– été déclarées nulles et non avenues. En effet en avril 2006, pour les mêmes motifs, un premier mandat d’amener international (délivré par Ankara) avait déjà provoqué l’arrestation de Kimyongür –cette fois-là, aux Pays-Bas. Or au terme de 68 jours d’emprisonnement, la justice hollandaise avait finalement jugé sans objet, infamantes et anticonstitutionnelles les allégations avancées par la Cour de Sûreté turque contre B. Kimyongür. En conséquence, les juges de La Haye avaient prononcé sa relaxe complète.

Quelles sont donc les très « graves » accusations réactivées aujourd’hui contre Kimyongür ? « Etre le dirigeant d’une organisation terroriste, le DHKP-C » ; « avoir menacé et attaqué le ministre des Affaires étrangères » Ismail Cem, lors de son audition devant le Parlement européen ; « avoir participé à une grève de la faim, en solidarité avec un prisonnier du DHKC »…

Les autorités turques accusent donc Bahar Kimyongür d’« être un dirigeant du DHKP-C », (un mouvement décrété « terroriste » par les Etats-Unis et l’Union européenne)… Or en Belgique, deux tribunaux ont affirmé –par deux fois– le contraire (à savoir la Cour d’Appel d’Anvers [le 7 février 2008], puis la Cour d’Appel de Bruxelles [dans un Arrêt définitif rendu le 23 décembre 2009]).

Deuxième élément « à charge » ? Kimyongür aurait « menacé et attaqué le ministre des Affaires étrangères turc, Ismail Cem »… Or un document filmé, tourné le 28 novembre 2000 dans le grand auditoire du Parlement européen, prouve le caractère parfaitement mensonger de ces assertions. Certes Bahar Kimyongür y interrompt quelques instants le ministre turc –en train de nier tout génocide envers le peuple arménien. Certes Kimyongür lance en direction des parlementaires plusieurs dizaines de tracts tout en criant sa solidarité avec les centaines de prisonniers politiques qui, en Turquie, mènent depuis des semaines une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions atroces d’enfermement. Certes. Mais ces gestes révoltés ne constituaient en aucune manière ni des menaces, ni des attaques contre la personne du ministre des Affaires étrangères

C’est d’ailleurs ce qu’a formellement convenu, le 4 juillet 2006, la Chambre d’Extradition de la Haye. À propos de l’accusation centrale, avancée par le mandat international, le juge Van Rossum précisera qu’il s’agissait –au Parlement européen– d’une « démonstration » (au sens de « protestation non délictueuse »), en aucun cas une menace ou une agression à l’égard du ministre turc. Dans leurs attendus, les juges néerlandais prendront même la peine d’insister : non, « interpeller un ministre sur les conditions de détention dans les prisons n’est pas un acte coupable ». Ni, ultime accusation portée, « marquer sa solidarité, avec un prisonnier en grève de la faim » –en l’occurrence Ilhan Yelkovan lequel avait entamé un jeûne de la mort pour protester contre son maintien en isolement dans la prison de Hambourg. Grâce à la solidarité de milliers de personnes à travers toute l’Europe, Yelkovan avait finalement obtenu satisfaction après dix semaines de privation. Qu’y aurait-il eu à redire à propos de cette solidarité, du point de vue pénal ? Absolument rien.

On le voit : malgré l’Arrêt rendu par la justice des Pays-Bas et les jugements prononcés en Belgique, les autorités turques sont décidées à s’affranchir de toutes les jurisprudences, quelles qu’elles soient. Quitte à contrevenir aux prescrits constitutionnels reconnus à chaque citoyen dans tout Etat de droit.

Dans ce contexte pathologique (qui prouve une sorte de continuité entre ce qui était, hier, le despotisme de l’armée et, aujourd’hui, la répression fomentée par l’AKP contre la contestation démocratique à Istanbul, Izmir ou Antakya), nous nous déclarons solidaires de tous ceux qui n’acceptent pas ce récidivisme tyrannique. Kimyongür –c’est son droit, c’est son courage– n’a jamais cessé de dénoncer les exactions qui ont frappé et continuent de secouer tragiquement la société turque : les assassinats d’opposants, l’incarcération des syndicalistes courageux, l’emprisonnement des journalistes et avocats honnêtes. En réalité, c’est cette dénonciation argumentée et trop éclairante que les procureurs d’Ankara –à travers l’arrestation d’un ressortissant belge– veulent définitivement bâillonner. Cela, nous ne pouvons l’accepter.

Pour toutes ces raisons, nous en appelons aux autorités de notre pays. Elles doivent tout faire pour empêcher l’extradition de Bahar Kimyongür vers les prisons ottomanes où chacun peut imaginer ce qui l’attend : le pire.

SIGNATAIRES DE LA CARTE BLANCHE :

Jacques Aghion (Professeur émérite de l’Université de Liège), Tomas Armas (Enseignant), Laurent Arnauts (Avocat), Danielle Bajomée (Professeure à l’Université de Liège), Selma Benkhalifa (Avocate), Jean-Louis Berwart (Avocat), Jan Blommaert (Professeur à l’Université de Tilburg, Pays-Bas), Thierry Bodson (Secrétaire général de la FGTB wallonne), Sarah Bracke (Sociologue à la Katholieke Universiteit Leuven), Didier Brissa (Formateur au « Centre d’Education Populaire André Genot »), Jean Bricmont (Professeur à l’Université Catholique de Louvain), Jean-Marie Chauvier (Ecrivain), Marie-France Collard (Réalisatrice), Michel Collon (Ecrivain, journaliste), Jean Cornil (Ancien parlementaire PS), Carlos Crespo (Président de la « Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie »), Jacques Debatty (Vice-Président du « Mouvement Ouvrier Chrétien »-Bruxelles), An de Bisschop (Directrice de l’association flamande « Demos »), Patrick Deboosere (Professeur à la Vrije Universiteit Brussel), Ludo De Brabander (Porte-parole de l’association « VREDE »), Lieven De Cauter (Philosophe à la Katholieke Universiteit Leuven / RITS), Vincent Decroly (Ancien député indépendant), Jean-Claude Defossé (Député ECOLO), Séverine de Laveleye (Secrétaire générale de l’association « Quinoa »), Herman De Ley (Professeur à l’Université de Gand), Céline Delforge (Députée ECOLO), Chloé Deligne (Chercheuse FNRS / Université Libre de Bruxelles), Jean-Marie Dermagne (Avocat / Ancien Bâtonnier), Serge Deruette (Professeur à l’Université de Mons), Gérard de Sélys (Ecrivain), Alexis Deswaef (Président de la « Ligue des droits de l’Homme »), Jean-Philippe de Wind (Avocat), Koen Dille (Membre du « Masereelfonds »), Anne Dister (Professeure aux Facultés Saint-Louis), Josy Dubié (Sénateur honoraire ECOLO), Anne Dufresne (Sociologue, FNRS-FRS), Xavier Dumay (Professeur à l’Université de Liège), Albert Dupage (Professeur émérite de l’Université de Liège), Vincent Dupriez (Directeur du GIRSEF de l’Université Catholique de Louvain), Jean-Claude Englebert (Echevin Ecolo de Forest), Stephan Galon (Organisateur de concerts), José Garcia (Syndicaliste pour le Droit au logement), Michel Genet (Directeur de « Greenpeace-Belgique »), Geoffrey Geuens (professeur à l’Université de Liège), Corinne Gobin (Professeure à l’Université Libre de Bruxelles), Eric Goeman (Président de « Democratie 2000 » et d’« Attac Vlaanderen »), Paul Goossens (Journaliste), José Gotovitch (Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles), Philippe Hambye (Professeur à l’Université Catholique de Louvain), Raoul Hedebouw (Porte-parole du Parti du Travail de Belgique), Benoit Hellings (Sénateur ECOLO), Anne Herscovici (Députée ECOLO), Jean-Luc Hornick (Professeur à l’Université de Liège), Patric Jean (Cinéaste), Jean-Jacques Jespers (Journaliste / Professeur à l’Université Libre de Bruxelles), Jean-Pierre Kerckhofs (Président de « l’Appel Pour une Ecole Démocratique »), Jean-Marie Klinkenberg (Professeur émérite de l’Université de Liège / Membre de « l’Académie royale de Belgique »), Fouad Lahssaini (Député Ecolo), Hughes Le Paige (Journaliste / Réalisateur), Vincent Letellier (Avocat), Roland Libois (Professeur à l’Université de Liège), Arnaud Lismond (Président du « Collectif Solidarité contre les Exclusions »), Ico Maly (Coordinateur de l’association « Kif Kif »-Anvers), Zoé Maus (Présidente de l’association « Quinoa »), Francine Mestrum (membre de « Global Social Justice »), Jacky Morael (Sénateur ECOLO / Ministre d’Etat), Anne Morelli (Professeure à l’Université Libre de Bruxelles), Caroline Nieberding (Professeure à l’Université de Liège), Dogan Özgüden (Rédacteur en chef d’« Info-Türk »), Christine Pagnoulle (Chargée de cours à l’Université de Liège), Jorge Palma (Chargé de recherches à l’Université de Liège), Paul Pataer (Ancien sénateur SPa / Vice-Président de « la Ligue flamande des droits de l’Homme »), Julien Perrez (professeur à l’Université de Liège), Daniel Piron (Secrétaire régional de la FGTB-Charleroi), Min Reuchamps (Professeur à l’Université Catholique de Louvain), Pierre Robert (Président du « Syndicat des Avocats pour la Démocratie »), Nadine Rosa Rosso (Enseignante), Laurence Rosier (Professeure à l’Université Libre de Bruxelles), Jean-Louis Siroux (Professeur à l’Université Catholique de Louvain), Isabelle Stengers (Enseignante en philosophie des sciences à l’Université Libre de Bruxelles), Simone Susskind (Présidente d’« Actions in the Mediterranean »), Erik Swyngedouw (Professeur à l’Université de Manchester), Olivier Taymans (Journaliste), Eric Therer (Avocat), Titom (Dessinateur), Barbara Trachte (Députée régionale et communautaire ECOLO), Frédéric Ureel (Président des « Avocats Européens Démocrates »), Nicolas Vandenhemel (Co-Président de la « Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie »), Yannick Vanderborght (Professeur aux Facultés Saint-Louis et à l’Université Catholique de Louvain), Johan Van Hoorde (Membre du groupe « Vooruit »), Felipe Van Keirsbilck (Secrétaire général de la CNE), Philippe Van Muylder (Secrétaire général de la FGTB-Bruxelles), Philippe Van Parijs (Professeur à l’Université Catholique de Louvain et à l’Université d’Oxford), Dan Van Raemdonck (Secrétaire général de la « Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme »), Marie Verhoeven (Professeure à l’Université Catholique de Louvain), Luk Vervaet (Enseignant dans les prisons), Bernard Wesphael (Député du « Mouvement de gauche » au Parlement wallon), Dominique Willaert (Coordinateur de l’association gantoise « Victoria Deluxe »), Martin Willems (Secrétaire permanent à la CNE), Karim Zahidi (Professeur à l’Université d’Anvers), Marc Zune (Professeur à l’Université Catholique de Louvain).


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