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Zahra Boudkour, interview exclusive - Association Maison Populaire de Genève
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Zahra Boudkour, interview exclusive

Zahra Boudkour parle de sa prison

lundi 3 août 2009, par Maison Populaire de Genève


Le jeudi 9 juillet 2009, vous avez été condamnée à 2 ans de prison ferme par le tribunal de Marrakech. Vous attendiez-vous à un tel verdict ?

(Long silence) J’ai pris deux ans de prison avec neuf autres étudiants. Un étudiant a écopé de quatre ans. Nous étions tous préparés à une telle sentence. Nous étions même prêts à subir bien pire que la prison. La prison, ce n’est qu’un petit lieu de détention.

Vous n’avez donc pas été déçue après le procès ?

Nous étions préparés psychologiquement. Le temps nous donnera raison car la vérité finit toujours par triompher. En attendant, je reste en prison encore quatre à six mois en attendant le procès en appel.

Que s’est-il passé au tribunal en ce « jeudi noir » ?

Rien de spécial. Nous sommes restés fidèles à nos déclarations habituelles devant le juge. Nous avons déclaré que toutes les accusations intentées à notre encontre étaient infondées.

De quoi étiez-vous accusés exactement ?

De tentative d’homicide et d’avoir mis le feu dans la rue. Les gens qui nous ont collé ce procès sont bien connus. Le policier qui a été blessé pendant les manifestations n’a même pas été capable de désigner la personne qui l’a agressé. Le pire, c’est qu’au moment où il a été brutalisé, nous étions déjà au commissariat !

Qu’avez-vous déclaré pendant le procès ?

Juste avant l’énoncé du verdict, le juge nous a donné l’occasion de nous exprimer une dernière fois. Nous assumons nos actes jusqu’au bout, quel que soit le jugement.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez actuellement dans la prison civile de Boulmharez ?

Il n’y a même pas un endroit où on peut se rendre pour consulter un médecin. Le médecin vient nous voir une seule fois par semaine. Même si quelqu’un est malade pendant la semaine, il doit attendre le vendredi. Et nous devons patienter jusqu’au lundi pour recevoir les médicaments. Peu importe qu’on attende, on peut mourir à petit feu… Le médecin est donc inefficace…

Ce mois-ci, le médecin nous a rendu une seule visite. Chaque fois que je prends un traitement, cela ne me fait aucun effet. J’explique pourtant au médecin que je souffre de plusieurs maux.…Je ne sais même pas quelles sont vraiment mes maladies et le médecin est incapable de me le dire !

Lorsqu’il y a urgence médicale, que se passe-t-il ?

On peut toujours attendre…des heures et des heures…

De quels symptômes souffrez-vous ?

J’ai un mal de crâne récurrent, qui s’accentue lorsque je me lave la tête depuis qu’on m’a frappée avec une barre fer au commissariat de Jemaâ El Fna. J’ai également d’étranges douleurs au ventre et dans certaines parties de mon corps.…

Décrivez-nous le cadre dans lequel vous vivez depuis mai 2008…

Il est exécrable. Nous sommes trop nombreux dans un petit espace envahi par les cafards. Nous sommes une cinquantaine dans un lieu qui ne prendrait normalement pas plus de vingt personnes. Beaucoup de femmes sont très malades, elles souffrent des poumons et crachent du sang. Même les enfants sont dans un très sale état, ils ont des cafards sur le visage.…

Quelles sont les conditions d’hygiène ?

On se douche à l’eau froide une seule fois par semaine. Nous sommes une cinquantaine de personnes à nous partager un seul sanitaire.…

Où dormez-vous ?

Dans de piteuses conditions. Il y a des détenues qui sont un peu mieux loties que d’autres. Mais nous dormons toutes sur de vieilles guenilles.

Et que mangez-vous ?

De la nourriture pitoyable. En été, on mange des lentilles, des haricots, des fèves,… (silence) des carottes, des pommes de terre…c’est-à-dire tout ce qui est fait avec beaucoup d’eau.

Est-ce qu’on vous maltraite en prison ?

(Silence) Non, non. On ne nous frappe pas…

Vous gardez le sourire, malgré ce qui vous arrive…

Je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort, alors autant garder le sourire.

Que voulez-vous que je fasse ?

Est-ce que vous recevez des visites de votre famille ?

Une fois par semaine. Et seulement une dizaine de minutes au maximum dans un vacarme total. Les responsables font parfois attendre nos familles pendant des heures car les visites des hommes, qui sont 6 000, passent avant celles des femmes.…

Rappelez-nous ce que vous avez subi le 15 mai 2008 au commissariat de Jamaâ El Fna ?

On nous a menotté les mains et les pieds. On nous a également bandé les yeux. C’est à partir de là que nous avons été torturés durant cinq jours en continu. On a reçu des coups partout sur le corps. J’ai reçu une barre de fer sur la tête et j’ai eu un œil touché. Je ne pouvais même pas aller aux toilettes. On m’a même déshabillée.…

Si vous saviez que tout cela allait arriver et que vous alliez écoper de deux ans de prison, auriez-vous agi de la même manière ?

Pour être militante, il faut persévérer. Nous savions déjà tout ce nous allions endurer. Rien n’est gratuit. Il s’agit d’abord d’un sacrifice individuel. Je ne m’attendais pas à ce que la justice nous offre des fleurs ou nous déroule un tapis rouge. Bien au contraire. Tout ce que nous pourrons subir ne changera jamais nos convictions et je ne regrette rien.

Vous êtes donc prête à tout pour le militantisme ?

Je suis prête à donner deux ans de ma vie en prison pour que les choses changent au Maroc. Je peux même donner quatre ans, dix ans ou toute ma vie pour que les conditions du peuple marocain s’améliorent.

Les rumeurs selon lesquelles vous auriez demandé une grâce royale sont donc fausses ?

Evidemment. Je ne vois pas pourquoi je vais demander une grâce royale puisque je suis innocente.

Savez-vous que vous êtes devenue un symbole pour les défenseurs des droits de l’homme au Maroc ?

Il n’y a aucune amélioration dans le domaine des droits de l’homme au Maroc. Les noms des principaux boucs-émissaires ont peut-être changé, mais la justice est toujours la même. On peut comparer le commissariat de Jamaâ El Fna à Tazmamart ou Guantanamo !

De quoi sera fait votre avenir, une fois que vous sortirez de prison ? Allez-vous rester au Maroc ?

Je ne sais pas si je resterai ici ou pas. Je ne pense pas à cela. Ce qui compte, c’est que je continuerai à me battre pour toutes les idées qui m’ont conduite en prison. Je vais finir mes études à l’université et défendre mes convictions.

De quoi étiez-vous accusés exactement ?

De tentative d’homicide et d’avoir mis le feu dans la rue. Les gens qui nous ont collé ce procès sont bien connus. Le policier qui a été blessé pendant les manifestations n’a même pas été capable de désigner la personne qui l’a agressé. Le pire, c’est qu’au moment où il a été brutalisé, nous étions déjà au commissariat !

Qu’avez-vous déclaré pendant le procès ?

Juste avant l’énoncé du verdict, le juge nous a donné l’occasion de nous exprimer une dernière fois. Nous assumons nos actes jusqu’au bout, quel que soit le jugement.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez actuellement dans la prison civile de Boulmharez ?

Il n’y a même pas un endroit où on peut se rendre pour consulter un médecin. Le médecin vient nous voir une seule fois par semaine. Même si quelqu’un est malade pendant la semaine, il doit attendre le vendredi. Et nous devons patienter jusqu’au lundi pour recevoir les médicaments. Peut importe qu’on attende, on peut mourir à petit feu…

Le médecin est donc inefficace…

Ce mois-ci, le médecin nous a rendu une seule visite. Chaque fois que je prends un traitement, cela ne me fait aucun effet. J’explique pourtant au médecin que je souffre de plusieurs maux.…Je ne sais même pas quelles sont vraiment mes maladies et le médecin est incapable de me le dire !

Lorsqu’il y a urgence médicale, que se passe-t-il ?

On peut toujours attendre…des heures et des heures…

De quels symptômes souffrez-vous ?

J’ai un mal de crâne récurrent, qui s’accentue lorsque je me lave la tête depuis qu’on m’a frappée avec une barre fer au commissariat de Jemaâ El Fna. J’ai également d’étranges douleurs au ventre et dans certaines parties de mon corps.…

Décrivez-nous le cadre dans lequel vous vivez depuis mai 2008…

Il est exécrable. Nous sommes trop nombreux dans un petit espace envahi par les cafards. Nous sommes une cinquantaine dans un lieu qui ne prendrait normalement pas plus de vingt personnes. Beaucoup de femmes sont très malades, elles souffrent des poumons et crachent du sang. Même les enfants sont dans un très sale état, ils ont des cafards sur le visage.…

Quelles sont les conditions d’hygiène ?

On se douche à l’eau froide une seule fois par semaine. Nous sommes une cinquantaine de personnes à nous partager un seul sanitaire.…

Où dormez-vous ?

Dans de piteuses conditions. Il y a des détenues qui sont un peu mieux loties que d’autres. Mais nous dormons toutes sur de vieilles guenilles.

Et que mangez-vous ?

De la nourriture pitoyable. En été, on mange des lentilles, des haricots, des fèves,… (silence) des carottes, des pommes de terre…c’est-à-dire tout ce qui est fait avec beaucoup d’eau.

Est-ce qu’on vous maltraite en prison ?

(Silence) Non, non. On ne nous frappe pas…

Vous gardez le sourire, malgré ce qui vous arrive…

Je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort, alors autant garder le sourire.

Que voulez-vous que je fasse ?

Est-ce que vous recevez des visites de votre famille ?

Une fois par semaine. Et seulement une dizaine de minutes au maximum dans un vacarme total. Les responsables font parfois attendre nos familles pendant des heures car les visites des hommes, qui sont 6 000, passent avant celles des femmes.…

Rappelez-nous ce que vous avez subi le 15 mai 2008 au commissariat de Jamaâ El Fna ?

On nous a menotté les mains et les pieds. On nous a également bandé les yeux. C’est à partir de là que nous avons été torturés durant cinq jours en continu. On a reçu des coups partout sur le corps. J’ai reçu une barre de fer sur la tête et j’ai eu un œil touché. Je ne pouvais même pas aller aux toilettes. On m’a même déshabillée.…

Si vous saviez que tout cela allait arriver et que vous alliez écoper de deux ans de prison, auriez-vous agi de la même manière ?

Pour être militante, il faut persévérer. Nous savions déjà tout ce nous allions endurer. Rien n’est gratuit. Il s’agit d’abord d’un sacrifice individuel. Je ne m’attendais pas à ce que la justice nous offre des fleurs ou nous déroule un tapis rouge. Bien au contraire. Tout ce que nous pourrons subir ne changera jamais nos convictions et je ne regrette rien.

Vous êtes donc prête à tout pour le militantisme ?

Je suis prête à donner deux ans de ma vie en prison pour que les choses changent au Maroc. Je peux même donner quatre ans, dix ans ou toute ma vie pour que les conditions du peuple marocain s’améliorent.

Les rumeurs selon lesquelles vous auriez demandé une grâce royale sont donc fausses ?

Evidemment. Je ne vois pas pourquoi je vais demander une grâce royale puisque je suis innocente.

Savez-vous que vous êtes devenue un symbole pour les défenseurs des droits de l’homme au Maroc ?

Il n’y a aucune amélioration dans le domaine des droits de l’homme au Maroc. Les noms des principaux boucs-émissaires ont peut-être changé, mais la justice est toujours la même. On peut comparer le commissariat de Jamaâ El Fna à Tazmamart ou Guantanamo !

De quoi sera fait votre avenir, une fois que vous sortirez de prison ?

Allez-vous rester au Maroc ?

Je ne sais pas si je resterai ici ou pas. Je ne pense pas à cela. Ce qui compte, c’est que je continuerai à me battre pour toutes les idées qui m’ont conduite en prison. Je vais finir mes études à l’université et défendre mes convictions.

Le Journal Hebdomadaire, numéro 405, juillet 2009

Posted in Interviews by hichambennani on juillet 25, 2009

http://hichambennani.wordpress.com/2009/07/25/zahra-boudkour-interview-exclusive/

Étiqueté :Boudkour, Prison, Zahra Boudkour


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