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Une femme, une histoire : Madame Sofia Mary GUARAGUARA

lundi 4 avril 2011, par Maison Populaire de Genève

Une femme, une histoire : Portrait de Madame Sofia Mary GUARAGUARA

Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP. Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Sofia Mary GUARAGUARA


Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guide.

Prochain portrait : Madame Yasemin CAKIR

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Sofia Guaraguara, une vie consacrée à l’écoute des autres

Le parcours de Sofia Guaraguara, née en Bolivie au milieu des années 1960 et vivant en Suisse depuis une dizaine d’années, est marqué par son souci de venir en aide aux démunis et d’alléger leur souffrance. Très jeune déjà, elle s’est préoccupée de ceux qui étaient en marge de la société. Ainsi elle a notamment mis en place une structure d’accueil pour les enfants vivant dans la rue à Cochabamba en Bolivie et aujourd’hui elle soutient par l’écoute et la parole les migrant-e-s issus d’Amérique latine qui vivent le plus souvent dans la clandestinité et la précarité à Genève.

Elle a grandi, entourée de cinq : frères et sœurs, dans un foyer d’amour, marqué par les efforts de ses parents, qui avaient émigré de la campagne vers la ville, à assurer les besoins de leurs .enfants. En se souciant précocement des plus Vulnérables, Sofia a réalisé que ses préoccupations la placeraient à contre-courant, un sentiment qui l’a accompagnée tout au long des étapes de sa vie.

Alors qu’elle entrait dans un rôle attendu en se mariant jeune et en ayant deux enfants, Sofia a en même temps défendu ses aspirations en suivant une formation universitaire en psychologie. Dans son pays d’origine elle occupait d’importantes responsabilités dans des structures dl ;( soins tout en ayant établi son propre cabinet de consultations. Elle bénéficiait donc d’une importante position sociale dans ce contexte. Toutefois sa curiosité et ses rêves l’ont conduit à migrer vers la Suisse. Arrivée en Suisse avec ses deux filles alors adolescentes, elle a connu des débuts difficiles et aujourd’hui encore elle considère que l’intégration est ardue. Cumuler les identités de femme étrangère, femme professionnelle et mère élevant seule ses enfants n’est pas toujours facile.

Pour assumer l’éducation de ses filles, elle a dans les premiers temps aussi occupé des emplois dans le secteur domestique, emplois dévalorisés typiquement réservés aux femmes migrantes, tels que le ménage, la garde des enfants et des personnes âgées. En parallèle, elle a entrepris les démarches nécessaires pour que ses qualifications professionnelles soient reconnues ici. Elle reste marquée par l’accueil chaleureux qu’elle a reçu à Genève à l’Association genevoise des psychologues avec Mme Nora Schneider, à Paris à l’Association mondiale de psychanalyse avec Judith et Jacques Alain Miller. Grâce aux liens établis avec eux et aux équivalences obtenues, elle est aujourd’hui reconnue comme psychologue psychothérapeute FSP (fédération suisse des psychologues) et comme psychanalyste de plein droit en suisse .

Depuis, elle a eu l’occasion de mettre à profit ses compétences professionnelles et sa riche expérience dans différentes institutions. De plus, elle a récemment ouvert son propre cabinet.

Au-delà de ces nombreuses activités, elle a continuellement offert son soutien et son écoute de manière bénévole. Avec des collègues, ....avec notamment Christiane Ruffieux Lambelet membre de la, NLS (Nouvelle école lacanienne) .et de l’ASREEP NLS (Association suisse romande de l’école européen de psychanalyse), elle a fonde en 2002 l’Association « Encuentro-Rencontre » qui a pour but d’accueillir, écouter et traiter la souffrance psychique des personnes en détresse, en particulier des migrant-e-s vivant dans la précarité à Genève.

Elle espère aujourd’hui que cette structure, qui répond à des besoins évidents dans des groupes de population vulnérables, puisse être stabilisée et reconnue par les autorités.

Le prix qui est aujourd’hui attribué à Sofia l’a conduite à prendre conscience de l’immense travail qu’elle a réalisé au cours de sa vie et aussi à en ressentir de la fierté. Mue par son énergie, sa curiosité et son souci des autres, elle a donné sans compter son temps et son énergie pour alléger la souffrance des autres. Ce prix vient non seulement récompenser ses engagements et donner du sens aux efforts qu’elle a déployés, mais aussi lui offrir une reconnaissance en tant que femme migrante professionnellement qualifiée. Il est à espérer qu’il contribuera à atténuer chez elle le sentiment récurrent d’être à contre-courant.

Genève, le 18 mars 2011 La marraine

Claudine BURTON-JEANGROS

Professeure de Sociologie

Université de Genève

La marraine Claudine BURTON-JEANGROS

Madame Sofia Mary GUARAGUARA


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