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26 février 2010 Journée internationale de solidarité avec les travailleuses et les travailleurs de Tekel

jeudi 25 février 2010, par Maison Populaire de Genève


La Maison populaire de Genève appelle à la solidarité avec les travailleurs de l’entreprise TEKEL en grève depuis 72 jours, en écrivant à la Mission permanente de la Turquie auprès de l’ONU à Genève

(voir l’adresse ci-dessous et joindre) ou à l’Ambassade de la Turquie dans votre pays.

En vous remerciant de votre soutien, nous vous adressons nos meilleures salutations


MODÈLE DE LETTRE

Ambassador, Mr. Ahmet Üzümcü, Permanent Mission of

Turkey to the United Nations in Geneva

Ch. du Petit-Saconnex 28b - CP271

CH-1211, Geneva 19

Switzerland

mission.turkey@ties.itu.int

[DATE]

Journée internationale de solidarité avec les travailleurs turcs

Monsieur l’Ambassadeur,

La [NOM DE VOTRE ORGANISATION] tient à présenter ses hommages à l’Ambassade de la République de Turquie en [NOM DE VOTRE PAYS] et a l’honneur d’attirer l’attention de l’Ambassade sur ce qui suit :

Nous vous adressons cette lettre par solidarité avec nos camarades turcs qui ont vu leurs droits syndicaux biens trop souvent bafoués au cours de l’année écoulée.

Une affaire qui suscite une attention toute particulière à l’heure actuelle en Turquie et à l’étranger est celle qui concerne les travailleurs de l’entreprise TEKEL, ancien monopole d’Etat de l’industrie du tabac et de l’alcool récemment privatisé. Le gouvernement a décidé de la fermeture de tous les entrepôts appartenant à TEKEL, entraînant par là même la suppression de 12.000 postes. Depuis décembre 2009, les travailleurs, leurs familles et leurs supporters se sont mobilisés sous des températures proches de zéro pour protester contre cette décision. Les manifestations avaient pour point de départ le quartier général de l’AKP mais la police a fait évacuer les lieux le 16 décembre et repoussé les manifestants vers un parc situé à proximité. Le lendemain, la police a dressé des barricades autour du parc et a attaqué les manifestants à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogène. La violence policière est allée croissant et de nombreux manifestants attaqués par des policiers armés de matraques ont dû être hospitalisés. Mustafa Türkel, président du syndicat des travailleurs du tabac et de l’alcool Tekgida-Is, affilié à la centrale syndicale nationale Türk-Is, elle-même affiliée à la CSI, et membre de l’Union internationale des travailleurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’hôtellerie (UITA) a été placé en garde à vue en compagnie du secrétaire général de la centrale Turk-Is. Il fut relâché plus tard dans la soirée.

Si la violence policière a suscité l’indignation au sein du parlement turc, le gouvernement s’obstine néanmoins dans son refus d’accéder à la revendication des travailleurs, qui réclament le droit d’accéder à un emploi de substitution avec la garantie de toutes les prestations échues en leur qualité de salariés, tel que le prévoit la loi sur les privatisations. Pour l’heure, les travailleurs poursuivent leur action collective amorcée il y a plus de 70 jours déjà devant le siège de la centrale Turk-Is.

Suite à deux réunions le 11 février 2010 entre le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, M. Mehmet Şahin, et les présidents des centrales syndicales nationales, DİSK, KAMU-SEN et KESK, d’une part, et le Premier ministre Erdoğan et Mustafa Turkel, président de TÜRK-İŞ, d’autre part, les syndicats ont dénoncé l’intransigeance des autorités gouvernementales vis-à-vis des demandes des travailleurs et les ont appelés à œuvrer à la recherche d’une solution négociée au différend. À ce jour, leur appel n’a pas été honoré ; au contraire, le Premier ministre Erdoğan a annoncé que son gouvernement ne tolérera plus d’actions après fin février.

2009 s’est avérée être une année particulièrement néfaste pour les droits syndicaux en Turquie. La Confédération syndicale internationale (CSI), basée à Bruxelles, a écrit ou cosigné des lettres de protestation adressées au gouvernement turc à pas moins de neuf occasions. Toutes ces lettres sont restées sans réponse. Les atteintes aux droits syndicaux qui ont motivé ces lettres allaient d’un appel au gouvernement invitant celui-ci à s’abstenir du recours à la répression violente contre les manifestations du Premier mai, à l’arrestation en masse de membres et dirigeants de syndicats suivie de dizaines de procès pour complicité avec des organisations terroristes, en passant par la tentative d’assassinat contre Süleyman Celebi, président de la confédération syndicale nationale DISK (Devrimci Isçi Sendikalari Konfederasyonu) affiliée à la CSI ou encore les maltraitances et la privation de soins médicaux dont ont été victimes des syndicalistes en détention. D’autre part, la CSI a participé, aux côtés de plus d’une dizaine de représentants de syndicats et de fédérations syndicales internationales de huit pays européens, un responsable chargé des droits humains auprès de la délégation de la Commission européenne en Turquie et des représentants d’Avocats sans frontières (ASF) et de Protection International (PI), à une mission constituée d’observateurs internationaux qui a assisté au procès qui a eu lieu à Izmir, en novembre dernier, contre 31 membres et dirigeants de la Confédération syndicale nationale des travailleurs du secteur public (KESK), elle aussi affiliée à la CSI.

Suite à ce procès, la CSI a dénoncé le fait que « 2009 avait été marquée par une recrudescence de la répression antisyndicale par le gouvernement. Les arrestations à la KESK en mai ont été suivies de l’arrestation et de mauvais traitements sur la personne de Murad Akincilar, ressortissant turc travaillant pour le syndicat helvétique UNIA, et de la tentative d’assassinat contre le président de la confédération DISK, Süleyman Celebi. Metin Findik, représentant du syndicat des employés municipaux de Turquie (Tüm-Belsen) demeure sous les verrous depuis plus de cinq mois sans même avoir été informé des chefs d’inculpation portés contre lui. Le 7 décembre, 13 dirigeants du syndicat Nakliyat-Is, l’un des affiliés les plus importants de la centrale nationale DISK, ont été arrêtés (dans le cas de la centrale KESK, c’est le syndicat Egitim Sen qui est pris en cible). On peut véritablement distinguer un modus operandi récurrent dans chacun de ces cas : Une fois écroués, les syndicalistes sont systématiquement soumis à un traitement abusif, voire maltraités ; les autorités invoquent l’une ou l’autre disposition de la loi pour garder l’affaire « sous-couvert de secret. » Il est alors impossible pour les avocats de la défense d’accéder aux dossiers de leurs clients durant une période initiale – qui peut éventuellement se prolonger à plus d’un mois, comme dans le cas de l’affaire KESK. Les chefs d’accusation sont, quant à eux, systématiquement liés à l’une ou l’autre forme d’ « activité terroriste. »

Dans son dernier Rapport sur les progrès accomplis dans le cadre des négociations concernant l’accession de la Turquie à l’UE, daté du 14 octobre 2009, la Commission européenne déclarait que « Les droits syndicaux ne sont pas encore pleins et entiers en Turquie. » Le cadre juridique actuel n’est pas en conformité avec les normes de l’UE et les Conventions de l’OIT, notamment eu égard au droit d’organiser, au droit de grève et au droit de négociation collective, ce qui vaut tant pour le secteur privé que pour le secteur public. La Commission d’experts de l’OIT a demandé à la Turquie d’adopter ces réformes et a suggéré l’organisation d’une mission bipartite de haut niveau pour venir en aide au gouvernement. » Cette mission, vous le savez, est prévue pour le début du mois prochain.

La détérioration des droits syndicaux en Turquie suscite une vive préoccupation au sein du mouvement syndical international. Les objectifs syndicaux internationaux sont clairs et restent inchangés. Nous lançons un appel au nom de tous les citoyens turcs pour le respect des pleins droits démocratiques, y compris la liberté d’association, la libération de tous les syndicalistes emprisonnés et le respect des normes fondamentales du travail et des droits de chaque travailleur, y compris les travailleurs de l’entreprise TEKEL. »

Sincèrement,

[SIGNATURE]

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