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Turquie : descente vers le chaos ! - Association Maison Populaire de Genève
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Turquie : descente vers le chaos !

dimanche 21 août 2011, par Maison Populaire de Genève

L’aviation turque a bombardé intensivement mercredi et jeudi les régions sous contrôle du Parti des travailleurs du Kurdistan, dans le nord d’Irak, causant d’importants dégâts dans les villages. Quelques heures avant l’attaque, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a menacé ouvertement les organisations armées et politiques kurdes, annonçant son plan de guerre qui comprend notamment des opérations transfrontalières et des arrestations en masse de militants kurdes, selon les medias kurdes et turcs.

Depuis les élections législatives du 12 juin, remporté par l’AKP, le parti islamo-conservateur du premier ministre Erdogan, le vent de la guerre souffle dans le pays. Refusant de libérer plus de 4 000 membres actifs du principal parti kurde BDP, dont des maires et six élus, le gouvernement rejette également les revendications du peuple kurde pour une autonomie démocratique.

RISQUE DE GUERRE CIVILE

Si le calme ne revient pas, le risque de guerre civile est réel. Les kurdes sont déjà victimes des lynchages racistes dans plusieurs villes. Mais, aucune attaque raciste n’a été sanctionnée, au contraire le gouvernement encourage les attaques en les qualifiant de « réactions des citoyens ».

Ignorant la répression quotidienne et les violations flagrantes des droits de l’homme, Erdogan pointe systématiquement du doigt le parti kurde BPD et le Congrès pour une Société Démocratique (DTK), une plateforme d’associations et mouvements kurdes, qui a récemment proclamé l’autonomie démocratique. Selon le BDP, le gouvernement planifie une vaste opération contre le DTK, tandis que les medias proches du gouvernement parlent d’un scenario tamoul pour en finir avec la gestion kurde.

LES AVIONS TURC ONT BOMBARDE LE NORD D’IRAK

Le 17 aout, le premier ministre Erdogan a menacé de « faire payer le prix » au BDP, sans le nommer, « s’il ne prend pas de distances avec la terreur », affirmant que son pays était « à bout de patience », suite à une embuscade du PKK contre les forces spéciales turques qui menaient une opération. Au moins 11 soldats, dont un major, et un milicien ont été tués et 11 autres blessés le 17 aout dans cette embuscade à Cukurca (province d’Hakkari).

Les avions de guerres ont bombardé intensivement mercredi à partir de 21h les cinq régions sous contrôle du PKK ; Qandil, Xinere, Xakurke, Metina et Zap, après les menaces d’Erdogan. Les bombardements ont duré toute la nuit et reprit jeudi matin sur Lolan, Xakurke, Xinere et Kani Qirej.

DES VILLAGES ONT ETE VISES

Plusieurs villages kurdes ont été visés par les avions, selon des sources kurdes. Le Centre de la jeunesse au sein de la mairie de Qandil dans le village de Zergele et une maison qui appartient à Koxe Qadir, un habitant du même village, ont été détruits par l’aviation turque.

Le PKK a assuré n’avoir enregistré dans ses rangs aucune perte. L’armée turque a annoncé avoir frappé mercredi soir 60 objectifs par les avions, tandis que l’artillerie turque a bombardé 168 objectifs.

PLAN DE GUERRE EST PRET

Trois jours avant le bombardement, le 14 aout, le premier ministre a annoncé que son gouvernement envisageait des mesures militaires et policières plus sévères contre le PKK avec la fin du mois de Ramadan. Selon les medias turcs, parmi ces mesures figurerait notamment des opérations transfrontalières et l’envoi dans les zones de combats de forces spéciales, connues pour leurs pratiques dans la salle guerre des années 1990. Le plan de la guerre comprendrait également l’arrestation de 800 à 1400 personnes, membres du DTK et certains journalistes kurdes, rapporte le journal Haberturk.

Ce plan rappelle l’époque de Tansu Ciller, l’ancien premier ministre entre 1993 et 1996. Usant de fonds secrets pour financer une organisation secrète, elle avait dressé une liste noire d’hommes d’affaires kurdes à abattre parce qu’ils sont soupçonnés de financer le PKK. En 1994, les bureaux du journal kurde, Ozgur Ulke, avaient été bombardés sur ordre de ce premier ministre.

BPD : ERDOGAN DOIT PRENDRE SES DISTANCES AVEC LE FASCISME

Les organisations kurdes avaient déjà évoqué que le gouvernement AKP était en train de préparer une opération d’envergure contre le DTK, affirmant que le pays se dirige vers le chaos et une guerre civile. Dénonçant fermement les menaces du premier ministre, le président du groupe BDP, Selahattin Demirtas, a déclaré que le BDP n’est pas responsable de la montée des tensions, appelant Erdogan à prendre « ses distances avec le fascisme. »

PKK : LE GOUVERNEMENT PLANIFIE DES ASSASSINATS

De son coté, Murat Karayilan, le dirigent du PKK a annoncé dans une interview accordé à l’agence de presse kurde Firat que le gouvernement AKP planifie des assassinats contre les responsables du PKK, dans le Kurdistan irakien. « Des éléments de forces spéciales ont été envoyés à Rania, dans la province Soulaymaniya. Mais nous n’avons pas peur et ils n’auront aucun résultat. »

Soulignant que les kurdes n’ont plus peur des menaces du gouvernement, il averti : « Le premier ministre doit savoir que nous n’avons mobilisé que 5% de nos forces. Nous menons une guerre de défense sous contrôle. Si nous donnons officiellement l’ordre de guerre (totale), ils bouleverseront la Turquie. »

Rappelant les huit cessez-le-feu du PKK de manière unilatérale, rejetés par l’Etat turc, Karayilan affirme que le seul moyen de faire taire les armes est un cessez-le-feu bilatéral.

LE BILAN DE LA DEMOCRATIE OU DU FASCISME ?

Le 16 aout, le chef du gouvernement a promis de résoudre ce problème « sans faire des concessions sur la démocratie et les libertés », ce qui nous amène à nous interroger sur « cette démocratie ».

Le nombre des détenus dans les prisons ont argumenté de 100%, passant de 60 000 en 2002 à 120 000 en 2010. La violence envers la femme atteint une ampleur effrayante, avec une hausse de 1400 %. Aujourd’hui, environ 70 journalistes, kurdes pour la plupart, sont en prison, ce qui en fait le pays la plus grande prison du monde pour les journalistes. Des centaines de journaux, revues ou livres ont été interdits par les autorités. 73 enfants kurdes ont été tués par les forces de l’ordre depuis 2002, selon l’initiative « Bir Göz de Sen Ol » qui a publié les noms de 477 enfants kurdes tués ces 20 dernières années.

Plus de 4 000 membres actifs du BDP, dont des maires, élus, syndicalistes et des défenseurs de droits de l’homme ont été mis derrière les barreaux depuis 2009, dans le cadre de l’affaire KCK, l’Union des associations du Kurdistan (KCK), une organisation accusée de « terrorisme » et de « complicité » avec le PKK. Tous ceux qui militent pour la cause kurde risquent d’être arrêtés dans le cadre cette affaire, considérée comme un complot politique par les organisations kurdes.

LES ARRESTATIONS COMPARABLES AUX ANNEES 1990

Les arrestations en masse rappellent les années 1990 et sont comparables à celles de l’époque Ciller. Selon un bilan établi à partir des rapports sur la situation des droits de l’homme, 21 612 personnes ont été arrentées en 2002 contre 14 473 en 1994. Au cours l’année 2007, début de second mandat d’Erdogan, 7 191 personnes ont été arrêtées et 16 000 arrestations ont été effectuées en 2010. Un rapport de l’Association de droits de l’Homme (IHD) indique que 4 015 personnes ont été arrêtées au cours du premier semestre 2011, dans la seule région kurde, contre 2 430 sur la même période de l’année 2010. Le rapport constate 16 482 cas de violations des droits de l’homme au six premiers mois de l’année en cours, contre 13 219 cas en 2010. Le même rapport constate également 1 010 cas de tortures et de mauvais traitements au six premiers mois dans région kurde, contre 433 en 2010.

COMMENT DEFINIR ERDOGAN ?

Alors, si la Turquie est une « démocratie avancée », comme le prétend Erdogan et ses medias, comment expliquer ces chiffres ? Peut-on parler de « respect », de « tolérance zéro face à la torture », de « démocratie » ou de « politique civile » ? Si telle est la démocratie avancée, comment définir les nouvelles mesures de guerre annoncées par le gouvernement ? Enfin, comment définir un Erdogan qui a l’intention de « faire payer le prix » aux politiciens kurdes ? Comme Saddam Hossein ? Milosevic ? ou son cher ami Omar el-Béchir ?

AKP JOUE AVEC LE FEU

Le gouvernement Erdogan joue avec le feu, en propageant la peur et déclarant la guerre afin de déstabiliser et détruire le mouvement kurde qui est capable de mobiliser des millions de personnes dans quatre partis du Kurdistan et en Europe. Une guerre totale mènera à l’éclatement du pays, alors qu’aujourd’hui les kurdes réclament une autonomie démocratique sans toucher les frontières.

18 Août 2011 Par Maxime-Azadi

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/180811/turquie-descente-vers-le-chaos


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