Warning: exec() has been disabled for security reasons in /home/www/c2a70e3c56ab7367a42f1888a6afc7a6/web/ecrire/inc/filtres_images.php on line 346
13ème anniversaires de la Grèves de la faim dans les prisons turques ! - Association Maison Populaire de Genève
Association Maison Populaire de Genève

Accueil du site > Prisonniers Politiques > 13ème anniversaires de la Grèves de la faim dans les prisons turques (...)

13ème anniversaires de la Grèves de la faim dans les prisons turques !

lundi 27 juillet 2009, par Maison Populaire de Genève

1996 aura été une année dure en ce qui concerne la situation dans les prisons, mais la résistance aura marqué la Turquie et le monde. La grande grève de la faim aura eu une ampleur phénoménale : plus de 300 prisonniers politiques ont mené une grève de la faim totale, 1500 prisonniers ont suivi cette grève de la faim et 10 000 personnes dans et hors les prisons ont mené une grève de la faim en solidarité.

De fait, l’Etat turc entend briser l’identité des prisonniers politiques. La grève de la faim s’est également dirigé contre cet état de fait. Elle aura duré 69 jours, aura coûté la vie de 12 prisonnierEs. Les survivants furent amenés dans les hôpitaux. La grève de la faim a été victorieuse : l’Etat a reculé et accepté les revendications, notamment la non mise en place de l’isolement carcéral. La pression de l’opinion était trop grande.

Les médias occidentaux ont véritablement traîné des pieds pour parler de cette grève. Ils n’ont commencé à en parler que lorsque des prisonniers sont morts, et encore uniquement pour parler des prisons, et nullement de la solidarité à l’extérieur, très large. Ainsi il n’a pas été parlé des actions de solidarité, des manifestations, et de la répression, de la brutalité de l’Etat turc. La Turquie, par sa répression très dure contre le mouvement de solidarité, a montré une fois de plus son vrai visage.

Néanmoins, en Europe également la solidarité a été forte. Des comités de solidarité ont été formé spontanément, rassemblant il est vrai en majorité des personnes originaires de Turquie et vivant en Europe. Ces comités on assumé ce que les médias n’ont pas assumé : expliquer la lutte en Turquie, sensibiliser et rendre solidaires. Au fur et à mesure, des politiques, des associations démocratiques, des syndicats, des avocats, des intellectuels se sont exprimé quant à la situation en Turquie. Au Parlement européen et à l’ONU les voix condamnant le régime turc se sont fait entendre.

Il est caractéristique que ceux et celles ayant participé aux comités de solidarité, en Europe même, se soient fait brutalement attaqué. Les partisans de l’ "ordre" estiment bien plus le partenaire de l’OTAN qu’est la Turquie que la vie et les droits des prisonnierEs politiques. Les manifestations ont été interdites, ou encore attaquées. La police a perquisitionné des associations turques orientées à gauche. A Cologne ce sont 500 personnes qui ont été arrêté le 20 juillet 1996.

La mort de prisonnierEs a également montré au monde la détermination des gens qui sont dans les prisons de Turquie. La grève de la faim est alors devenu un thème pour tous les journaux. Les images de la prison de Bayrampasa d’Istanbul, filmées par les prisonnierEs eux/elles-mêmes, ont bouleversé les télés d’Europe. 12 personnes, sur les 326 menant une grève totale, ont néanmoins sacrifié leur vie. Sacrifié leur vie pour les droits des prisonniers, pour faire plier l’Etat turc sur la question des Droits de l’Homme, montrant par là la détermination à conquérir ces Droits de l’Homme pour l’ensemble des gens en Turquie. Le mouvement en faveur d’un changement en Turquie a par cette lutte atteint une nouvelle dimension. Beaucoup de gens et de groupes se sont reconnus dans la lutte pour les droits et la vie des prisonnierEs politiques.

Les organisations révolutionnaires, qui se considèrent comme à l’avant-garde de la lutte, ont lutté ensemble : le DHKP-C, le MLKP, le TKP(ML), le TKP-ML, Direnis Hareketi, le TIKB, le TDP, Ekim, le THKP-C/HDÖ. Et leurs discussions n’ont pas concerné que la solidarité à l’intérieur des prisons. Pas plus d’ailleurs que seuls des groupes révolutionnaires n’ont participé : nombreuses sont les associations luttant en faveur des Droits de l’Homme, les syndicats, les groupes et institutions démocratiques qui ont soutenu la grève. La grève de la faim a marqué le travail commun des groupes démocratiques et révolutionnaires.

Comme un succès le fait que cette grève ait démasqué le gouvernement d’Erbakan. Beaucoup de gens avaient espéré du gouvernement de coalition, guidé par le parti Refah, que la situation changerait en Turquie, avait soutenu le Refah par leurs votes (de protestation). Leurs espoirs ont été très brutalement déçu, notamment avec les violentes attaques du ministre de l’intérieur Mehmet Agar et du ministre de la justice Sevket Kazan. Le visage du fascisme est toujours présent en Turquie, et la grève de la faim a montré la capacité de résistance qui existe contre lui.

28 Juillet 1996 : Fin de la grève de la faim

Le gouvernement turc a accepté toutes les revendications des prisonnierEs.

Après la mort d’un prisonnier la veille à l’hôpital ce sont donc 12 prisonnierEs qui sont tombéEs : Aygün Ugur du TKP(ML), Altan Berdan Kerimgiller du DHKP-C, Ilginc Özkeskin du DHKP-C, Hüseyin Demircioglu du MLKP, Ali Ayata du TKP(ML), Müjdat Yanat du DHKP-C, Tahsin Yilmaz du TIKB, Ayce Idil Erkmen du DHKP-C, Hicabi Kücük du TIKB, Yemliha Kaya du DHKP-C, Osman Akgün du TIKB, Hayati Can du TKP(ML).

AYGUN UGUR ALTAN BERDAN KERIMGILLER ILGINCOZKESKIN

HUSEYINDEMIRCIOGLU ALI AYATA MUJDAT YANAT

TAHSIN YILMAZ AYCE IDIL ERKMEN HICABI KUCUK

YEMLIHAN KAYA OSMAN AKGUN HAYATI CAN

Il ne faudrait pas pour autant croire, malgré l’importance de cette victoire, que les Droits de l’Homme seront désormais respectés en Turquie. Même si les prisonnierEs malades sont amenéEs à l’hôpital, les droits ne sont pas gagnés pour autant. Ainsi les visites des familles ou des membres des délégations internationales dans les hôpitaux ne sont pas permises. Lors des voyages, qui durent des heures, les prisonnierEs sont attachéEs. Les prisonnierEs en isolement ne sortent que peu à peu. Le gouvernement traîne des pieds.

Et évidemment, la police continue de matraquer à l’extérieur des prisons. Oya Gökbayrag par exemple, une femme se déplaçant en chaise en roulante et représentante de la plate-forme pour les droits et les libertés, a de nouveau été arrêté à la prison de Bayrampasa en août alors qu’elle demandait une droit de visite.

L’avocat Ahmet Düzgün Yüksel a lui été arrêté alors qu’il voulait remettre une plainte contre le ministre de la justice Sevket Kazan au tribunal de Sultanahmat/Istanbul.

Ce ne sont que quelques exemples de la continuité de la répression et du mépris des Droits démocratiques en Turquie, même après la grève de la faim. Il ne faut pas s’étonner : le régime en place méprise ses propres lois, et sa propre parole. La satisfaction des revendications ne se fera pas comme ça, par gentillesse. Il faut être sur la défensive, faire attention à chaque droit, car chaque succès est une étape de gagnée dans la lutte pour les droits de l’Homme en Turquie.

L’opinion publique ne doit ainsi pas baisser sa garde. Il s’agit de forcer pas à pas la Turquie à satisfaire les revendications, il ne faut pas que la lutte et ce qui se passe en Turquie retombe dans l’oubli. Toute notre attention doit être attirée ! Sans quoi la pression et la répression augmentent.

L’Histoire de l’oppression et de la résistance en Turquie est grande, profonde. Des progrès ont pu être effectué, au prix le plus souvent de grands sacrifices. Il y a également eu des défaites, des reculs. Mais le processus de démocratisation doit aller de l’avant, contre la volonté des dominants. Il s’agit de renforcer le mouvement actuel en faveur de la dignité humaine.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | contact | liens | plan du site | espace privé | SPIP