| |
Back
TURQUIE
– VALLEE ET RIVIERE MUNZUR: UN CRIME ECOLOGIQUE, HUMAIN ET ECONOMIQUE
Transmis par
demir le 23 May 2005 à 15:21:56 CEST
CONTRIBUTED BY
demir
La vallée où coule la rivière
Munzur a été classée comme parc national en 1971. Selon cette classification, la
région devait être protégée des déprédations humaines, en particulier des
ambitions industrielles du gouvernement turc. Malheureusement tel n’est pas le
cas : cette magnifique vallée n’a pas été incluse dans la Loi sur les Parcs
Nationaux de 1984. Dès lors, en toute illégalité internationale (la Turquie est
signataire de nombreux accord internationaux ; elle est sensé les respecter),
les autorités projettent la construction d’un complexe de huit stations
hydroélectriques et d’un immense bassin de rétention d’eau de 85 Km. Au total,
se sera près de 63% du parc naturel et 84 villages qui se verront inondés pour
ce projet pharaonique.
Une catastrophe écologique
L’inondation de cette vallée détruirait tout l’écosystème de la région. On
estime que plus de 1'518 variétés différentes de plantes y poussent, dont 43
uniques au monde. Avec la faune, cette disparition sera un véritable crime
contre l’humanité. Huit barrages viendront anéantir l’économie et la culture,
intimement liées à la rivière Munzur : les terres arables seront inondées, ce
qui signifiera la fin de l’agriculture, l’élevage du bétail et l’apiculture. Une
variété unique, la truite tachetée, disparaîtra du fait de la canalisation et
des aménagements industriels. Le Nil ou l’amazone sont des fleuves infiniment
plus grands que la petite rivière Munzur. Ni l’un ni l’autre n’ont fait l’objet
d’un projet aussi important.
Un projet inhumain
Les autorités se cachent derrière un soi-disant « développement » de la région,
mais le complexe qui serait bâti sur la rivière Munzur détruirait au contraire
la quasi-totalité de l’économie. On avance des revenus annuels d’environ 80
millions de dollars avec le barrage ; mais il faut savoir que cette région qui
est l’une des plus riches du pays, produit de l’ail, et que cette celui-ci
rapporte déjà infiniment plus que cette somme. Depuis 1923, l’armée est présente
et réprime systématiquement les aspirations à l’autonomie et aux libertés
publiques à Dersim (Tunceli). Déjà, les massacres du siècle dernier (1938, etc.)
ont fait des milliers de victimes. Le gouvernement souhaite, avec ce projet,
pacifier la région : inonder les villages, forcer des milliers de personnes à
s’exiler, ruiner l’agriculture et l’économie, détruire les communications et
annihiler la biodiversité, tout cela procède d’un projet répressif des plus
cyniques.
Inutile et destructeur
La ville de Dersim recense entre 70 et 80'000 habitants. Avec ce projet et la
destruction des villages et de l’économie de la vallée, on estime que celle-ci
pourrait se ramener à environ 30'000 habitants. La production totale d’énergie
électrique en provenance de centrales hydrauliques représente 37'079 MW. Une
vallée inondée, une ville désertée et une misère évidente se verraient «
compensées » par une production énergétique de 362 MW. A quoi servira toute
cette électricité ?
Pollution et mobilisation populaire
Dès le projet connu, des milliers de personnes se sont mobilisés. Les
manifestations ont pris de l’ampleur avec la diffusion d’un autre projet, dans
la vallée, d’une usine de production d’or ; le procédé prévu pour l’extraction
du précieux minerai utilise du cyanure. Le rejet de cette substance cancérigène
hautement toxique dans la rivière soulève de nombreuses protestations. La
pollution toucherait la faune, l’agriculture et, finalement, les humains. Malgré
des tentatives de corruption, les populations locales contestent. Ce projet est
en effet représentatif de la politique turque en matière à l’égard de
l’environnement : celui-ci n’a d’intérêt pour les autorités que du moment où il
permet de faire taire l’opposition populaire au pouvoir… Dersim est une terre de
révoltes.
L’accès à une eau pure est un droit humain fondamental. Nul ne peut être privé
de ce droit. C’est du moins le point de vue des personnes sensées. La
destruction de la vallée de Munzur, sa pollution, est, on le voit, représentatif
de la lutte pour ce droit. Après l’aliénation des terres, celle de l’eau et
demain… l’air ? L’eau c’est la vie, on ne peut la remplacer. Refusons de la
privatiser ou d’en faire un instrument de destruction écologique, humaine et
économique : NON AU BARRAGE DE MUNZUR !
Back
| |
|