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Appel aux associations, médias et organisations suisses
Transmis par Demir le 30 June 2004 à 19:22:15 CEST
CONTRIBUTED BY Demir

 

Madame, Monsieur,

Nous avons pris connaissance avec effarement de la décision de la commission de recours en matière d’asile du 28 mai 2004 déboutant Madame MUSOLI et ses enfants du droit d’asile en Suisse. Ils doivent être expulsés d'ici au 25 août. Cette décision est aberrante et ne tient selon aucun compte de la situation politique syrienne et des risques encourus par cette famille en cas de retour.

Madame MUSOLI était mariée à Monsieur Dersem KURDI. Ils vivaient à Qamishli (province de Al Hasseke), ville du Kurdistan syrien.
Le 25 novembre 2004, M. KURDI a eu un accident de la circulation, où trois agents des services secrets syriens ont perdu la vie. Par peur des représailles, il a fui son pays, avec sa femme et ses 5 enfants, au Kurdistan irakien, puis en Turquie et enfin en Suisse où ils sont arrivés le 4 janvier 2002. Ils ont déposé une demande d’asile. Malgré la présentation des faits, celle de la situation en Syrie et la répression terrible qui s’est abattue au début 2004, l’Office des réfugiés a refusé le droit d’asile à la famille. Plusieurs recours ont été déposés, en vain. Le dernier ayant même été refusé pour des raisons de procédure (non paiement de frais de procédure).

Madame et Monsieur se sont séparés en juin 2003. Madame a repris sont nom de jeune fille, MUSOLI.  M. Dersem KURDI a été expulsé de Suisse le 13 avril 2004 en direction de Damas, Syrie. Il a été immédiatement arrêté. Il est resté en prison à Damas pendant quinze jours et renvoyé à Qamishli pour interrogatoire. Madame MUSOLI est actuellement sans nouvelles de son ex-mari et craint le pire. Elle est terrifiée à l’idée de retourner en Syrie avec ses 5 enfants : Roodi (né en 1989), Ruban (1991), Murad (1993), Aria (1994) et Hamad (1997).

Nous vous rappelons les faits qui se sont produits en mars de cette année, dans la région du Kurdistan Syrien : les populations kurdes se sont soulevées, et ont subi une répression féroce. Plus de 150 morts et 2000 arrestations dans la région de Qamishli, d’où est originaire la famille. A ce jour, des centaines de personnes demeurent en arrêt ; les familles sont sans nouvelle de leurs proches, tout comme Madame MUSOLI.  Cette dernière a participé à plusieurs manifestations contre les massacres et arrestations, avec ses enfants. Elle a peur d’avoir été photographié et d’être fichée de ce fait par les autorités. Son fils de 15 ans et ses quatre autres enfants sont tout autant menacés.

La Suisse a signé la Convention contre la torture, en 1987. Celle-ci précise qu’ « aucun Etat partie d’expulsera, ne refoulera ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ». La mise en danger de la vie de Madame MUSOLI et de ses enfants est évidente : un renvoi serait contraire à la Convention contre la torture et à l’ensemble des traités internationaux relatifs à la défense des Droits de l’Homme, signés par la Confédération.
La répression systématique dont sont victimes les minorités, particulièrement les kurdes, sont dénoncées depuis des décennies par les organisations de défense des Droits de l’Homme. Cette année a vu des massacres inouïs et une vague d’arrestation hors du commun.  Nous vous demandons d’intervenir au plus vite auprès des autorités Suisses afin d’éviter qu’un acte odieux soit commis, celui d’envoyer une femme et ses cinq enfants en prison, ou pire encore.

En vous remerciant par avance pour l’attention que vous porterez à ce courrier, ainsi que pour la solidarité dont vous ferez preuve, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.
 


Pour la Maison Populaire de Genève :
Demir SÖNMEZ

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